Revue Roland Barthes, n°7 / Bruno Blanckeman, Claude Coste, Marie Gil & Eric Marty (dir.) / Juin 2025

La présence de l’homosexualité est une évidence dans la vie et dans l’œuvre de Roland Barthes. Chercheurs français et étrangers ont été invités à réfléchir à la « question homosexuelle » : cette formulation est apparue comme la plus neutre, la plus conforme au contexte culturel des années 1960 et 1970 en France, la plus propice aussi à une appropriation par des approches intellectuelles très différentes. Surtout, elle présente l’homosexualité dans son statut de questionnement, de concept non figé. Avec le mot « question », il s’agit bien pour les treize contributeurs de ce recueil d’analyser, au-delà des divergences d’approches et de méthodes, comment une forme de sexualité informe une écriture.

En effet, si la « question » renvoie au dialogue direct et indirect avec François Braunschweig, Renaud Camus, Jean Genet, Hervé Guibert ou encore avec Marguerite Duras, les gigolos à Paris ou au Maroc, ce dialogue nous est transmis par le biais de textes. Ainsi, les intervenants se sont penchés sur Incidents, Soirées de Paris, la préface de Tricks, les écrits sur le théâtre, ceux sur la photographie ou sur la Grèce, Roland Barthes par Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux, sans oublier les archives et le Grand Fichier conservés à la Bibliothèque nationale de France. Mais au-delà de ces textes privilégiés, n’est-ce pas toute l’œuvre de Barthes qui est – bien sûr sans s’y réduire – habitée par la présence tutélaire de la « déesse H » ?